Millénarisme et violence : Israël et la reconstruction du Temple de Jérusalem (1)
"Le messianisme juif est dans son origine et dans sa nature, une théorie de la catastrophe." Michael Löwy
Chers lecteurs,
Je reprends la lettre Polemos, interrompue par mon cycle de conférences de janvier et février. Je vous propose aujourd’hui, la première partie d’une série d’articles qui portent sur les implications théopolitiques des acteurs stratégiques contemporains. Pour commencer, voici un dossier en plusieurs parties sur le sionisme millénariste. Une idéologie qui irrigue et mobilise l’action du gouvernement israélien actuel.
Avec le Likud et ses alliés, nous sommes en présence d’un acteur géopolitique irrationnel et disruptif, dont on ne peut comprendre la violence sans étudier ses motivations et les mythes mobilisateurs profonds qui galvanisent son action.
J’ai étudié dans mes différents livres, la racine millénariste du globalisme politique. Le millénarisme politique prend des formes multiples à travers l’histoire, il est parfois animé d’une profonde nostalgie des origines ; souvent, il est au contraire aiguillonné par un progressisme vertigineux : ces deux polarités extrêmes se nourrissent l’une l’autre, autant qu’elles se rejettent. L’une des formes les plus radicales de millénarisme politique, est aujourd’hui constituée par l’idéologie qui guide la coalition au pouvoir en Israël. Il s’agit ici d’un millénarisme de type suprémaciste et messianique qui place au centre de son agenda théopolitique, la reconstruction du Temple de Jérusalem et la reprise de sacrifices sanglants à Yahvé en son sein.
Temple doit être reconstruit précisément là où se trouve l’esplanade des Mosquées, un site sacré considéré par les musulmans comme le troisième lieu saint de l’islam, où se trouvent le dôme du Rocher et la mosquée Al-Aqsa. On mesure aisément les conséquences proprement explosives dont ce projet est porteur. Une ambition qui apparaît irréaliste pour l’observateur extérieur, mais qui ne l’est pas pour le judaïsme politique millénariste. Une tendance du judaïsme pour laquelle la promesse de la reconstruction du Temple constitue un horizon d’attente aussi important que le retour des Juifs en Israël.
Pour le sionisme messianique, si la reconstitution d’un État juif presque deux mille ans après sa disparition a été possible, alors la reconstruction du Temple de Jérusalem doit l’être aussi. Le Temple doit devenir le centre politique et cultuel d’une théocratie juive restaurée, et parachever ainsi la mission du sionisme religieux qui succède et remplace au XXIe siècle, le sionisme laïc du XXe siècle.
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